Christian Marclay

Artiste majeur de la scène contemporaine, Christian Marclay est célèbre pour ses installations vidéo magistrales revisitant l’histoire du cinéma. Pour Doors, il sélectionne puis met bout à bout pendant plus de dix ans d’innombrables extraits de films du XX^e et XXI^e siècle. Au montage complexe contraste la simplicité du sujet : une succession d’ouverture et de fermeture de portes. Chaque franchissement de porte correspond au point de coupe, au passage d’une scène, d’un·e acteur·rice à l’autre. Dans une boucle infinie, Brigitte Bardot ou Sidney Poitier se perdent et se retrouvent, alors que les genres cinématographiques se télescopent. Labyrinthe architectural et mental, cet immense collage présenté au Cinéma Astor fait appel à notre mémoire et notre expérience au cinéma, nous poussant inlassablement dans ces espaces de connexion qui semblent sans issue.

Présentées pour la première fois en Suisse, ces six vidéos de Christian Marclay repoussent les limites du concept de street photography. Au gré de ses promenades londoniennes, le plasticien photographie les objets jetés dans la rue, collectant des milliers d’images de mégots, capsules de bouteilles, chewing-gums, cotons-tiges, couvercles et pailles en plastique. Sous forme de films d’animation silencieux, ces clichés sont restitués à une cadence rapide et créent l’illusion d’un mouvement continu à la manière d’un flip book. Diffusées à raison d’un sujet par jour sur un écran géant dans le hall de la gare ferroviaire de Vevey, ces vidéos invitent les pendulaires à considérer ces objets ordinaires prenant vie de manière extraordinaire.

Président du Grand Prix Images Vevey 2017/2018, Christian Marclay a photographié au gré de ses déplacements des étuis d’instruments de musiciens de rue contenant de la petite monnaie. Bien que silencieuses, ces images sont habitées d’une dimension sonore : de l’instrument absent figurant l’air qui se joue au tintement de la ferraille des piécettes. À l’occasion du Festival Images, sa série Street Music, 2002-2012 est exposée dans un passage souterrain de la gare, lieu de prédilection des croque-notes profitant de la générosité des pendulaires. En présentant ses photo-graphies à cet endroit, le « plasticien de la musique » se doutait bien qu’elles serviraient finalement de partitions aux tagueurs de la région. En marge de ce projet, Shuffle, un jeu de cartes conçu par l’artiste, fait l’objet d’une performance musicale de l’ensemBle baBel.