Coexistence
Pour la série Coexistence, Stephen Gill tire le portrait des habitants de Dudelange, au Luxembourg, après avoir plongé son appareil dans le bassin d’une ancienne usine sidérurgique. L’eau forme un filtre flou sur l’objectif, faisant rejaillir symboliquement le passé industriel de la ville sur ses tirages. Installées à Vevey autour d’une fontaine, ces images sont couvertes d’un vernis opaque hydrosensible, selon un prototype réalisé en collaboration avec des étudiants en Bachelor Design Industriel de l’ECAL : elles se révèlent uniquement au contact de l’eau, obligeant le spectateur à les asperger et donc à faire appel à une gestuelle propre au développement de la photographie argentique. À la chaleur du soleil, ces grands clichés sèchent et redeviennent ainsi opaques dans l’attente du prochain festivalier.
The Pillar
Entre document, poésie et invention ingénieuse, les images produites par Stephen Gill repoussent les limites de la photographie animalière. Placé en pleine campagne suédoise, le dispositif imaginé pour la série The Pillar est minimal et astucieux : une caméra stationnaire, déclenchée par le mouvement aléatoire des oiseaux, cadre un pilier en bois sur lequel ils peuvent venir se percher momentanément. L’absence du photographe, l’automatisation du procédé et la courte distance entre la caméra et le perchoir, permettent de capturer les volatiles de manière tout à fait inhabituelle et imprévisible, dans leur environnement naturel. L’artiste anglais propose ainsi des clichés pris sur le vif, où les oiseaux deviennent eux-mêmes les auteurs de leurs spectaculaires portraits. L’installation imaginée pour le Festival Images reprendra ce dispositif dans un champ évoquant le contexte original de prise de vue de ces clichés. Un second volet de l’exposition est à découvrir en format monumental à Vevey, où une nuée d’oiseaux en migration passe devant la façade de l’Hôtel des Trois Couronnes.