Stefanie Moshammer

Le jury a le plaisir de décerner à l’unanimité la Mention Lumière Broncolor Images Vevey à Stefanie Moshammer pour son projet intitulé Her Sweet Poison, une recherche approfondie sur l’alcoolisme chez les femmes, qui existe sous la forme d’un récit visuel à plusieurs niveaux.

Commentaire du jury

« Puisant dans ses souvenirs d’enfance et se référant à son expérience personnelle avec sa propre mère, Stefanie Moshammer envisage de combiner des photographies mises-en-scène avec des images provenant de ses archives familiales, tout en puisant dans des références tirées de l’Histoire de l’art, des images commerciales et des illustrations scientifiques. Her Sweet Poison se propose d’éviter une vision simpliste et trop sentimentale de ce sujet complexe et universel : Moshammer propose une approche qui mêlerait subtilement rigueur, candeur et parfois même une dose d’humour qui a permis à son projet de se démarquer. Le jury a été impressionné par la complexité et la portée de son intention d’investigation, ainsi que par son potentiel en tant qu’installation. »

À l’âge de sept ou huit ans, Stefanie Moshammer adresse une lettre à « l’enfant Jésus », équivalent des demandes enfantines au Père Noël, souhaitant que sa mère guérisse de son addiction à l’alcool. Cette lettre constitue le point de départ de Each Poison, A Pillow. Mêlant recherches et souvenirs intimes, l’installation témoigne de l’affection profonde mais fragile qui lie mère et fille. Entre elles se trouve la fameuse lettre ; au sol, un amas de coussins, en référence au titre, évoque à la fois le réconfort recherché par l’alcool et l’espace domestique, où l’alcoolisme des femmes est le plus fréquent. L’artiste viennoise part de son histoire personnelle pour aborder, sans jugement, un sujet dont on parle peu : l’alcoolisme au féminin.

L’installation Each Poison, A Pillow de Stefanie Moshammer est présentée au Musée Jenisch, aux côtés des autres projets lauréats du Grand Prix Images Vevey 2021/2022.

À l’âge de huit ans, Stefanie Moshammer adresse une lettre à « l’enfant Jésus », comme une demande enfantine au Père Noël : elle souhaite que sa maman guérisse de son addiction à l’alcool. Ces mots constituent le point de départ de Each Poison, A Pillow, un projet d’envergure combinant documentation et souvenirs intimes. En dialogue avec sa mère, l’artiste aborde un sujet tabou : l’alcoolisme au féminin. Au travers d’une installation réalisée spécifiquement pour L’Appartement, elle évoque les particularités de cette dépendance par le biais de divers supports. En référence au titre de ce travail (dont la traduction pourrait être « À chaque poison, son oreiller »), des coussins dispersés dans l’espace évoquent à la fois le réconfort recherché par l’alcool et l’espace domestique, environnement dans lequel se déroule en général l’alcoolisme des femmes, à l’abri des regards et des jugements. Le reste de l’installation convoque réseaux sociaux, archives familiales, performance filmées réalisées par la mère de l’artiste, matériel scientifique, tissus, bouteilles et verres, liquides colorés, publicités sexistes, photographies, vidéos et bien entendu la fameuse lettre, témoin silencieux de la relation profonde et fragile qui lie mère et fille dans cette épreuve de vie. Tout ce matériel évoque la complexité du propos, dont le traitement est ici à la fois universel et personnel. Proposé sous forme d’ébauche lors de l’édition 2022 de la biennale Images Vevey, Each Poison, A Pillow est aujourd’hui présenté dans une version complète conçue spécialement pour les Chambres de l’Appartement et est également publié sous forme d’un livre par les Éditions Images Vevey.